La grotte des Furtins est un lieu emblématique de la préhistoire et de la paléontologie du Mâconnais

Il y a plus de 70 000 ans les ours occupaient régulièrement la grotte. L’Homme de Néandertal y est également venu. Il y a laissé quelques outils en silex et a utilisé des fragments de chaille (mauvais silex) qui se trouvaient dans la grotte ou à sa proximité. 

Il y a environ 18 000 ans l’Homme de Cro-Magnon (Homo sapiens, comme nous) occupe la grotte et ses pourtours. Il abandonnera des outils en silex, une aiguille décorée et des lissoirs en os. Tous ces objets sont conservés au musée de Préhistoire de Solutré et ont fait l’objet d’une étude détaillée cette année. 

À la fin de la dernière glaciation (vers 12 000 ans avant Jésus-Christ) la grotte commence à s’effondrer. Elle sera toutefois encore occupée par les Gallo-romains    (IIIIIème siècle de notre ère) puis par les Mérovingiens (VIème siècle de notre ère) et les Carolingiens (IX-Xème siècle de notre ère) qui l’utilisent comme bergerie. 

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La grotte des Furtins : un site où les humains, les animaux, l’eau, la vie sous toutes ses formes laissent leur empreinte depuis des dizaines de milliers d’années

Photo Serge CAILLAULT


Pendant le Moyen-Âge une partie de la voûte s’effondre à nouveau. Cet évènement est peut-être lié à un tremblement de terre qui est mentionné à Cluny aux environs de l’an 1155. Les chauves-souris s’installent alors au fond de la grotte. L’Homme y revient au XVIème siècle, c’est l’époque de la peste dans le Mâconnais mais également des guerres de religion. A la fin du XIXème siècle certains des intrépides qui explorent la cavité inscrivent sur les parois des graffitis qui indiquent leur nom et la date de leur passage (probablement).

En 1938-39 les spéléologues mâconnais y font plusieurs explorations et celles-ci seront décisives pour A. Leroi-Gourhan (ethnologue et préhistorien). Il y implantera sa première école de fouilles de 1945 à 1948. La grotte sera de nouveau explorée en 1962. Depuis, aucune étude n’avait été menée sur le site. Avec l’autorisation de la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles) de Bourgogne Franche-Comté et de la municipalité de Berzé-la-Ville, une approche multidisciplinaire a débuté en 2019 avec la participation de nombreux spécialistes mais également de nombreux bénévoles de l’Association Culturelle du Site d’Azé, des Amis du Vieux Berzé et du Spéléo-club Argilon de Chauffailles. Elle permet déjà d’avoir un nouveau regard sur l’histoire de cette cavité et des fréquentations qu’elle a connues.

Depuis les dernières fouilles, la nature a repris le dessus. Les animaux qui fréquentent la grotte marquent les parois de leurs griffades, creusent des bauges dans le sol… Les bactéries, l’eau, le guano de chauve-souris et les dépôts de calcite effacent ou recouvrent de nombreuses traces laissés par les anciens occupants. Toutes ces modifications « naturelles » sont particulièrement intéressantes à étudier pour comprendre comment la cavité s’est formée et comment elle a évolué avec le temps. Ces études ne sont pas terminées mais elles ont déjà permis de préciser la nature et la chronologie de quelques évènements majeurs de l’histoire de la grotte des Furtins. 

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A la découverte des « Terres secrètes du Mâconnais-Clunisois »


Notre région possède un patrimoine souterrain aussi riche que méconnu. Afin de le rendre accessible à tous un livre de photographies vient d’être édité.
Les photos ont été réalisées par Serge Caillault, spécialiste de la photographie souterraine à travers le monde entier. Ce livre de 100 pages vous transporte de grotte en grotte mais également dans les mines de gypse de Berzé-la-Ville. Il est disponible à la mairie de Berzé-la-Ville. Son coût est de 14.90 euros et les bénéfices seront utilisés pour financer des datations dans les grottes de la région, 


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Et ausssi :Leroi-Gourhan André. La Grotte des Furtins (commune de Berzé-la-Ville (Saône-et-Loire)). In: Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 44, n°1-2, 1947. pp. 43-55


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